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Non, le Christ n’est pas un mythe

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Dans cette vidéo, Matthieu Lavagna rappelle que le consensus des universitaires a établi l’existence historique de Jésus de Nazareth. Le théologien énumère les sources chrétiennes et non-chrétiennes sur lesquelles s’appuient les historiens, et répond à Michel Onfray, défenseur de la thèse mythiste. La transcription textuelle de la vidéo figure en bas de la vidéo.

Transcription de la vidéo

Ce consensus universitaire, qu’est-il parvenu à établir sur la vie de Jésus ?

Aujourd’hui, les historiens universitaires qui travaillent sur la question du Jésus historique, sont d’accord pour dire qu’il y avait un personnage historique nommé Jésus, qui est né entre l’an – 6 et l’an -4 en Palestine, qui a vécu jusqu’à environ l’an 30 ou l’an 33 (il y a un petit débat sur la date de la mort de Jésus), mais il y a un consensus pour dire qu’il a vécu dans ces années-là et qu’il a eu des disciples qui l’ont suivi, donc les 12, sur lesquels il a fondé son Église, et avec qui il a prêché pendant plus de 3 ans.
Jésus était reconnu comme étant un grand sage, quelqu’un qui prêchait devant les foules, et qui a eu une grande influence, qui a semé le trouble dans le judaïsme du 1er siècle, qui a abouti à son exécution pour blasphème sous Ponce Pilate.

Depuis des années, des intellectuels remettent en question l’existence historique du personnage de Jésus. Michel Onfray est le dernier en date. Qu’est-ce que la thèse mythiste qu’il défend ?

La thèse mythiste, c’est une thèse qui a commencé à être développée à partir du 18e siècle et qui soutient que Jésus de Nazareth n’aurait pas existé historiquement. Ça a commençé à être défendu par des personnages comme Dupuis, Volney, Couchoud, Bauer. Strauss. Des personnages du 18e siècle en France. Et, il faut savoir que cette thèse a largement été abandonnée. La position de l’ensemble des historiens, indépendamment de leurs convictions religieuses, c’est de dire qu’il y a bien un personnage au 1er siècle nommé Yeshua qui a existé en Palestine, et qui a eu des disciples qui l’ont suivi. Donc l’existence de Jésus, en tant qu’existence historique,  n’est pas remise en question par le consensus écrasant des historiens à travers le monde.

Quelles sont les sources historiques sur lesquelles s’appuie le consensus universitaire ?

Il se base sur à la fois les sources chrétiennes et non chrétiennes qui viennent mentionner l’existence du Christ. Parmi les sources non-chrétiennes, on en a neuf : Flavius Joseph, Tacite, Suétone, Lucien de Samostat, Pline le jeune, Galien, le Talmud de Babylone, Celse…

Une grande quantité de sources non-chrétienne qui mentionnent l’existence du Christ. Et aussi, on a une quantité abondante de sources chrétiennes en plus de tous les textes du Nouveau Testament : les quatre évangiles, les épîtres de Paul, les Actes des Apôtres, les épîtres de Pierre, de Jacques, etc.

On a aussi des textes chrétiens primitifs qui sont en dehors du Nouveau Testament, et qui mentionnent évidemment l’existence de Jésus, et qui datent du 1er siècle :  les écrits des Pères apostoliques : Ignace d’Antioche, le livre de la Didachè, etc. Tout ça, ce sont des écrits chrétiens très primitifs qui mentionnent évidemment l’existence de Jésus.

L’historien Gary Habermas remarque que dans les 150 ans après la mort de Jésus, entre l’an 30 et l’an 180, on a 42 sources historiques différentes qui mentionnent l’existence de Jésus. Donc, c’est quelque chose qui est énorme par rapport aux autres personnages de l’Antiquité. Par exemple, pour Jules César, vous n’avez que cinq sources qui rapportent ses opérations militaires.

Toutes ces sources reposent sur des témoignages oculaires, des propos rapportés. À l’heure de la vidéo instantané et des analyses génétiques, cela peut sembler dérisoire. Comment apprécier la fiabilité de ces sources historiques ?

Nos connaissances historiques sur les personnages, en particulier les personnages de l’Antiquité, c’est que par du témoignage. Aristote, Platon, Socrate, on sait qu’ils ont existé parce qu’on a le témoignage de personnes qui nous le disent. À l’époque, il n’y avait pas des caméras de vidéosurveillance ou des empreintes d’ADN, et le témoignage en général est une source plutôt fiable pour avoir au moins quelques détails solides sur la vie d’une personne.

Il y a aussi un consensus universitaire pour dire que les évangiles ont été écrits à la fin du 1er siècle. Pour prendre une fourchette large, entre l’an 50 et 90. Les exégètes plus libéraux vont avoir tendance à les dater entre 70 et 90 et les exégètes plus conservateurs, entre l’an 50 et 70, mais même si on prend les dates les plus tardives, entre 70 et 90, ça reste très très peu de temps après les faits. C’est entre 40 et 60 ans après la mort de Jésus. C’est comme si, aujourd’hui, quelqu’un ayant connu George Pompidou écrivait une biographie sur sa vie. Il y a encore de la mémoire qui fait qu’il est capable de retranscrire des informations fiables et valables sur sa vie. Et par rapport au standard de l’Antiquité, 40 ans à 60 ans après la vie de Jésus, c’est très peu de temps, parce que si vous prenez les meilleures biographies sur la vie d’Alexandre le Grand, [elles] datent d’environ 350 ans après sa mort. C’est Arrien et Plutarque. Ça ne nous fait pas dire qu’on ne peut rien connaître sur la vie d’Alexandre le Grand. Pour les évangiles, c’est encore bien meilleur.

Parmi ces arguments, Michel Onfray affirme que cette crucifixion est peu concevable. Qu’en est-il ?

Il va nier la crucifixion de Jésus en disant qu’à l’époque, on ne crucifiait pas les criminels, et ça, c’est faux. Il suffit de lire les textes de Flavius Joseph qui rapportent qu’on a une grande quantité de personnages qui ont été crucifiés au 1er siècle. La crucifixion, par exemple, on peut dire que ça fait partie des données historiques certaines sur la vie de Jésus parce qu’on a 15 sources différentes qui mentionnent la crucifixion de Jésus dans les 100 ans après sa mort. Et ça, c’est reconnu par l’historien athée Bart Ehrman, que je cite dans le livre. On a plein d’événements dans l’Antiquité qui ne sont pas du tout aussi bien attestés.

Comment passe-t-on de l’existence historique de Jésus de Nazareth à l’existence divine de Jésus Christ ?

La question de la divinité du Christ, évidemment, c’est une question qui est liée à la foi chrétienne. Les recherches historiques en tant que telles ne peuvent pas se prononcer sur est-ce que Jésus était Dieu ou pas Dieu. En revanche, ce que l’histoire est capable d’établir, c’est que dans les évangiles, Jésus prétend agir à l’égal de Dieu. Il prétend pouvoir pardonner les péchés, qui est une prérogative purement divine dans l’Ancien Testament. Seul Dieu peut pardonner les péchés. Il prétend pouvoir juger les vivants et les morts. Pareil, dans l’Ancien Testament, seul Dieu peut juger les vivants et les morts. Et donc, le fait qu’un simple être humain s’attribue de telles prérogatives, ça montre qu’il, quelque part, se prenait pour Dieu.

Jésus il s’attribue aussi les noms de Dieu dans l’Ancien Testament. Il s’attribue le nom de Yahvé. Il dit même qu’il existait avant Abraham, qu’il a existé de toute éternité. Tout ça a choqué les grands prêtres et la communauté juive du 1er siècle qui ont voulu le condamner, justement, pour blasphème. C’est ce que disaient les Juifs : « Ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te condamnons, mais pour un blasphème, parce que toi qui n’es qu’un homme, tu te fais Dieu. » Donc, ça prouve bien que Jésus, historiquement, a prétendu être Dieu. Après, la question de est-ce qu’il était vraiment Dieu, c’est quelque chose qui va dépendre de notre foi personnelle.

Moi, je dirais que, voilà, Jésus est quelqu’un de crédible en général dans ses enseignements, et donc que c’est pas irrationnel de le croire quand il affirme être Dieu.

Que savez-vous du personnage de Jésus, qui a pu être une source d’inspiration, voire de méditation ?

Ce qui m’inspire dans le personnage de Jésus, c’est sa figure, ses enseignements, le Sermon sur la Montagne, le sermon des Béatitudes, les paraboles de l’enfant prodigue, des choses comme ça. C’est des enseignements qui sont magnifiques, qui élèvent l’âme, qui élèvent l’esprit, et je pense que toute personne devrait être touchée par ces enseignements, même si elles ne sont pas forcément chrétiens. Au moins, de reconnaître que les enseignements de Jésus sont d’une grande sagesse pour nous aujourd’hui, et qui veulent vraiment dire quelque chose, qu’ils ont un sens profond, et dont on peut s’inspirer pour notre vie quotidienne.

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